Il vous le rendra au centuple...

Je ne sais pas si cela vous est déjà arrivé, ces journées où vous ne savez pour quelle raison, l'univers a décidé de vous gâter, en tout cas bien plus qu'à l'accoutumée. Je ne note pas toujours toutes les fois où ça nous arrive, mais là j'avais envie de le faire pour m'en souvenir, et pour ressortir cette petite pépite les jours où je broierai du noir et où j'aurai l'impression que l'univers s'acharne contre moi !

Levés tôt dimanche pour aller voter pour le second tour des présidentielles, la nuit avait été très mauvaise. J'avais tourné et tourné dans mon lit, avec ces pensées noires concernant le choix ou plutôt le non choix face auquel nous nous retrouvions. La peste ou le choléra ? Mhhh, j'hésite ! Le Pen, Macron, sérieusement...On ne pouvait pas faire pire. Alors j'imaginais les différents scénarii en fonction de celui qui serait élu, puis je me coupais mentalement la parole en me répondant que de toute façon tout était joué d'avance, que ce serait Macron qui passerait. Oui mais si c'est lui, que va-t-il nous arriver, en tant que famille pratiquant l'IEF, en tant que famille tout court, en tant qu'êtres libres ? Toutes ces libertés bafouées ces 5 dernières années...Les décisions liberticides prises tantôt au nom de notre sécurité (peur du terrorisme exacerbée par les médias justifiant la surveillance des citoyens, mise sur écoute sans passer par un juge, droit de regard sur nos comptes privés facebook etc...), tantôt pour notre bien-être (covid, pass sanitaire, piquouses, entrave à la liberté de circuler, flicage des citoyens avec l'appli Tous Anti Covid...), tantôt pour palier aux problèmes des dépenses publiques et à la dette (réduction comme peau de chagrin de tous nos avantages sociaux, dégradation du service de santé, du service éducatif, du service public en général), puis au nom de la sacro sainte république hors de laquelle point de salut (bizarre ça me rappelle une religion ça): privation de la liberté du choix d'éducation pour nos enfants, pourtant inscrite dans la Constitution, oui, le truc que personne n'est censé modifier pour garantir à tous des droits égaux...mouais...ben faut croire que tout cela ne ne protège plus de rien, et surtout pas de JupiterCésarAvéMoi qui, sorti de nulle part il y a 5 ans, élu par les petites vieilles pour sa jeunesse et son visage d'Appolon imberbe, nous replonge dans la misère et l'infâmie pour les 5 prochaines années.

Donc me voilà avec mes acidités, mes RGO qui sont si douloureux et surtout la nuit, tentant de dormir assise. Essayez, c'est mission impossible. Après cette merveilleuse nuit, je tombe du lit, j'ai une tête de zombie, je me prépare en 5 minutes et file voter, pour me débarrasser de ce poids, de cette culpabilité de faire forcément le mauvais choix. En mode radar, le mari me servant de canne blanche pour me guider sur le parcours du bureau de vote, je glisse mon bulletin soigneusement préparé la veille, puis le "a voté" tombe comme un couperet. Il n'est plus possible de faire machine arrière, je dois assumer mon choix. J'ai mal pour mon pays, j'ai mal pour mes idéaux, pour mes enfants surtout. Mais voilà, c'est fait. Passons vite à autre chose. Je n'avais qu'une idée en tête c'était retourner me coucher, vite vite, pour oublier, pour rattraper ma mauvaise nuit aussi. Et puis ma conscience me taraudait : "il y a la messe à 11h, je ne peux pas me rendormir alors que dans 1h30 je dois repartir." 

Est-ce raisonnable d'y aller dans mon état ? Je suis si fatiguée, à un point ! Un docteur m'aurait dit : "oula madame, c'est un ordre, allez vous recoucher, et dormez au moins 48h non stop!"

Mais il y avait ce petit ange qui me soufflait à l'oreille, ma conscience, et la voix du prêtre qui, quelques jours seulement auparavant, me rappelait que louper la messe était un péché, en tout cas quand on n'est pas alité et qu'on peut faire l'effort d'y aller. Je sortais pratiquement de confession, je n'avais pas envie d'y retourner ! Allez, pensé-je, au pire je dors pendant la messe, mais au moins j'ai fait l'effort, le Bon Dieu sera content ! Je ferai une sieste tout l'après-midi sinon.

La messe est joyeuse, comme toujours, et profonde aussi. Les chants sont un peu désuets, mais tout le monde chante à plein poumons et  Graziella les accompagne si bien avec son orgue, qu'on en oublie de les détester. Grazi que nous n'avons pas vue pendant la Semaine Sainte et Pâques à cause de son état de santé... C'était assez triste sans elle il faut le dire. Et son remplaçant ne dégageait pas la passion qui anime habituellement notre organiste préférée. C'était assez lugubre avec lui, au point qu'à l'office du jeudi Saint, je me suis tournée vers mon aînée en lui disant que l'air que nous écoutions me faisait penser à l'orgue dans la famille Adams ! C'était déplacé de ma part je l'avoue, mais les impros d'organistes professionnels, ça m'exaspère et m'empêche de prier.

Bref, le retour de notre amie était un beau cadeau, complètement inattendu ! Le premier de ma liste du jour. 

Puis, arrive la fin de la messe où nous entonnons le chant final. Une paroissienne devenue une amie depuis le temps, nous dépose discrètement un sac en papier au bout du banc, l'air sérieux, en chuchotant : "pour les enfants" et s'en va d'un pas alerte. C'est notre deuxième cadeau de la journée, décidément : un sac rempli de petits lapins dorés Lindt, les meilleurs qui soient, en guise de cadeau de Pâques pour nos enfants. Joie ! Sentiment de gratitude mêlé à la peine de n'avoir rien à lui offrir en retour.

Sur le parvis nous discutons avec les uns et les autres, puis regagnons notre carrosse, notre bétaillère à cathos, notre minibus familial. Mes yeux se ferment, je sens que l'étape repas va être un peu longue... Aucune envie de préparer quoique ce soit, et ça tombe bien, car petit mari gère le barbecue, et les enfants la table. Comme souvent je regrette de n'avoir pas préparé de dessert, puis je me rassure en me disant que de toute façon nous n'avons jamais faim pour un dessert après le repas. Tant pis !

Mais voilà que la sonnette retentit, et que notre chère voisine que je ne voyais plus depuis un moment, nous offre, devinez quoi? un cadeau ! Et pas n'importe lequel : un énorme saladier rempli de fraises déjà lavées, équeutées et prêtes à être dégustées. Le truc complètement dingue et improbable. Genre je veux un dessert et un dessert apparaît tout prêt. J'ai le c.. bordé de nouilles en ce jour. Mon mari qui juste avant ça me disait à quel point il se sentait aimé dans cette paroisse ! Comme une façon de se rassurer qu'il était digne d'être aimé, qu'on était pas si bizarres ou nuls. Et bim, cette troisième surprise. Des voisins aimants. Mais que le Ciel est bon avec nous ! En plus, pour en revenir aux fraises, c'est un de ces fruits que je n'achète qu'à dose homéopathique pour dire qu'on en a mangé une fois dans la saison, à cause du coût exorbitant que cela représente pour notre budget de famille nombreuse. Tout comme les cerises, les abricots, les noix etc. 

Sur le moment, fatigue oblige, j'ai juste ressenti énormément de joie et d'amour, mais n'ai pas vraiment pris le temps de réfléchir à tout cela. La dernière fraise avalée, je suis partie illico dormir tout l'après midi. C'est seulement ce matin que cette phrase a retenti dans mon esprit : "Il vous le rendra au centuple"...Comme un écho, elle me hantait. J'ai recherché l'origine exacte et j'ai trouvé cela très beau. J'avais fait un effort qui m'avait vraiment coûté, c'était dur, j'aurais préféré, j'aurais eu besoin même, d'aller me recoucher, et Dieu, en passant par notre entourage, a décidé de me/nous combler de cadeaux, Il a rendu le don, l'effort fourni, au centuple.

Je termine ce billet sur ce partage évangélique :

"En ce temps-là, Pierre se mit à dire à Jésus : « Voici que nous avons tout quitté pour te suivre. » Jésus déclara : « Amen, je vous le dis : nul n’aura quitté, à cause de moi et de l’Évangile, une maison, des frères, des sœurs, une mère, un père, des enfants ou une terre sans qu’il reçoive, en ce temps déjà, le centuple : maisons, frères, sœurs, mères, enfants et terres, avec des persécutions, et, dans le monde à venir, la vie éternelle. Beaucoup de premiers seront derniers, et les derniers seront les premiers."
(Mc 10, 28-31)


Oui, le Seigneur est bon avec nous, et nous comble déjà de biens dans cette vie !

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